mercredi 31 octobre 2012

Noel Gallagher, pas psyché des vers









Quelqu'un sait-il si Noel Gallagher compte toujours sortir son album psychédélique produit par The Amorphous Androgynous? Aux dernières nouvelles il semblerait que non, le mancunien ayant bafouillé quelques piteuses explications cet été à propos de problèmes de mixage et de temps. N'avait-il pourtant pas annoncé cette collaboration en grande pompe lors de la présentation de ses High Flying Birds, il y a déjà plus d'un an?... Selon lui, les enregistrements étaient bouclés et il fallait s'attendre à un disque en rupture totale avec le reste de son répertoire.  

Cet album "barré" devait voir le jour dès 2012, et à l'entendre le projet lui tenait même plus à coeur que les premiers pas somme toute assez prévisibles des High Flying Birds. Nombreux sont les fans qui se sont enthousiasmés devant la créativité bourgeonnante du chief en solo.

En réalité, l'attitude frileuse du songwriter à l'heure de matérialiser ses ambitions les plus folles ne surprendra pas forcément les fins observateurs ayant suivi sa carrière, car Noel parle de son désir de s'émanciper vers des horizons psychédéliques depuis "(What's The Story) Morning Glory". Si certaines chansons d'Oasis ont effectivement flirté avec l'esthétique de ce genre musical par la suite (de façon très anecdotique) il n'y a eu en fin de compte aucune révolution ou réinvention significative dans le son et l'écriture du groupe. Quelques effets de production ici et là, certes, mais l'ossature des morceaux est toujours restée fondamentalement classique et convenue, à de rares exceptions près.

On se souvient même d'une collaboration avortée avec les producteurs électro Death In Vegas, en 2003-2004... À l'époque, Noel fait machine arrière sans explications. Quelques temps plus tard, le très conservateur "Don't Believe The Truth" ne laissera aucune trace de ces sessions expérimentales. Sans parler de l'ultime tentative, trois ans après, de vendre "Dig Out Your Soul" comme un monument du rock psyché (en terme de psychédélisme on retiendra surtout le remix dantesque et assez réussi de "Falling Down" par The Amorphous Androgynous, absent de l'album évidemment).









Tout cela n'enlève rien au talent inné de Noel Gallagher quand il s'agit de composer des mélodies inoubliables. Mais si transition il y a eu dans sa manière d'écrire elle s'est surtout manifestée par l'apparition de chansons plus kinksiennes et posées, mâtinées d'un esprit "cabaret" vaguement second degré: "The Importance Of Being Idle", ou plus récemment "The Death Of You And Me" pour prendre des exemples criants. La vraie nature de l'artiste est ainsi mise en évidence, plus versatile qu'on ne pourrait le croire mais pas assez pour changer la donne. "Vieillissant", comme dirait son frère. En lieu et place de l'album psychédélique tant espéré nous devrons donc nous contenter d'un DVD soigneusement édité documentant un concert récent, "International Magic Live At The O2", accompagné d'un CD de démos sans vraies surprises (celle de "Freaky Teeth" est proposée plus haut). Tout indique que notre respectable héros et gourou de la britpop, célébrité incontournable dans l'aristocratie du rock, n'est finalement pas si différent de beaucoup d'entre nous: perpétuellement attiré par un "ailleurs" fantasmé et inaccessible, mais rattrapé par une réalité chaque fois plus implacable.






mardi 30 octobre 2012

Tube oublié #1: "Aspirins & Alcohol"







Ça me fait plaisir d'inaugurer le blog avec les méconnus Last Days Of April, dont l'évolution constante continue de surprendre. Un huitième LP est d'ailleurs sorti cette année, le très folk "79" qui n'a plus grand chose à voir avec les brillants débuts hardcore de la fin des 90's ou les incursions pop rock plus conventionnelles qui ont suivi. Je reviendrais sans doute sur la discographie des suédois mais je tiens d'ores-et-déjà à dire que Karl Larsson, principal protagoniste du groupe, n'a jamais commis de fautes de goût à défaut de n'avoir pas (encore) pondu de véritable chef d'oeuvre. Au pire, c'est de la pop un peu niaise et vite oubliée, mais Larsson est aussi responsable d'un paquet d'excellentes chansons.

"Aspirins & Alcohol" est un tube quasiment parfait dans son genre. Sorti en 2000, le single inaugure la première transition de Last Days Of April vers des horizons plus sophistiqués, mais les origines hardcore se font encore sentir dans la démesure sentimentale et l'exécution presque "emo" du morceau, sans pour autant tomber dans la gaucherie et la vulgarité propres à ce genre. Comme toujours, Karl Larsson ne parvient pas à imposer une personnalité assez forte pour marquer les esprits durablement, et pourtant ce "tube oublié" surpasse aisément la concurrence indé de l'époque (les Feeder, Stereophonics et autres romantiques gentiment prolétaires). Le titre agresse et séduit à parts égales, grâce entre autres à une production bien détaillée et un songwriting impeccable.

Le thème de la déception amoureuse est exprimé de façon fort convaincante mais dans un état d'esprit plutôt juvénile et idéaliste, et j'avoue que j'ai bien du mal à me laisser emporter par cette chanson autant que par le passé. Peut-être parce que je suis devenu un vieux cynique, allez savoir. Néanmoins j'apprécie encore les arrangements orchestraux et la noblesse mélodique du morceau et je suis toujours ravi de l'entendre.

lundi 29 octobre 2012

Introduction



Je dois reconnaître qu'en dépit de mes efforts pour soigner l'allure de cette page le résultat est assez ringard, très "album live des années 80" dans l'esprit et ce n'est même pas du second degré. Mais qu'importe. Il sera bel et bien question de rock ici, dans le sens large du terme, toutes époques et déclinaisons confondues.

D'autres styles musicaux seront également abordés à l'occasion, sans discrimination. Ceci dit je ne prétends pas exhiber un savoir encyclopédique et sans failles ou passer mon temps à dénicher les dernières petites merveilles, et je ne suivrais pas non plus l'actualité de manière assidue. Il y a déjà des milliers de blogs et de webzines qui font ça très bien. Mon unique but est de parler de ce que j'aime, en dilettante, ignorant délibérément la hype et les modes pour mieux dépoussiérer des oeuvres tombées dans l'oubli ou considérées désuettes, à tort le plus souvent. La bonne musique n'appartient pas à un genre, à une époque ou à des idées reçues.

À 36 balais je suis étonné de constater que la plupart de mes héros de jeunesse ont sombré depuis longtemps déjà dans une sorte d'anonymat, parfois à cause d'un déclin créatif mais aussi souvent du fait de l'obsession du "tout nouveau, tout beau" qui fait foi chez les hipsters et autres ambassadeurs du bon goût. Pas question de partir en croisade contre qui que ce soit cependant, mais une chose est certaine: aussi modeste soit-il, ce blog sera pétri d'une nostalgie saine et décomplexée. Découvrir ou redécouvrir un vieux tube est aussi jouissif qu'écouter en avant-première le single le plus branché du moment. Si l'on ne comprend pas ça, quel regard porte-t-on sur la musique?

Évidemment, tomber dans l'excès inverse et snober les nouveautés par principe ne serait pas plus cohérent, et j'ai bon espoir qu'avec le temps un bel équilibre s'installera ici entre groupes vieux et récents, connus et moins connus, et que le côté arbitraire et personnel de Maelstrom ne tournera pas au radotage stérile. Rétrospectives, chroniques, articles de fond ou simples réflexions improvisées, il y aura un peu de tout mais surtout l'envie de parler musique et de partager. Avec tout de même quelques petits coups de gueule occasionnels, c'est la moindre des choses.

À +