Quelqu'un sait-il si Noel Gallagher compte toujours sortir son album psychédélique produit par The Amorphous Androgynous? Aux dernières nouvelles il semblerait que non, le mancunien ayant bafouillé quelques piteuses explications cet été à propos de problèmes de mixage et de temps. N'avait-il pourtant pas annoncé cette collaboration en grande pompe lors de la présentation de ses High Flying Birds, il y a déjà plus d'un an?... Selon lui, les enregistrements étaient bouclés et il fallait s'attendre à un disque en rupture totale avec le reste de son répertoire.
Cet album "barré" devait voir le jour dès 2012, et à l'entendre le projet lui tenait même plus à coeur que les premiers pas somme toute assez prévisibles des High Flying Birds. Nombreux sont les fans qui se sont enthousiasmés devant la créativité bourgeonnante du chief en solo.
En réalité, l'attitude frileuse du songwriter à l'heure de matérialiser ses ambitions les plus folles ne surprendra pas forcément les fins observateurs ayant suivi sa carrière, car Noel parle de son désir de s'émanciper vers des horizons psychédéliques depuis "(What's The Story) Morning Glory". Si certaines chansons d'Oasis ont effectivement flirté avec l'esthétique de ce genre musical par la suite (de façon très anecdotique) il n'y a eu en fin de compte aucune révolution ou réinvention significative dans le son et l'écriture du groupe. Quelques effets de production ici et là, certes, mais l'ossature des morceaux est toujours restée fondamentalement classique et convenue, à de rares exceptions près.
On se souvient même d'une collaboration avortée avec les producteurs électro Death In Vegas, en 2003-2004... À l'époque, Noel fait machine arrière sans explications. Quelques temps plus tard, le très conservateur "Don't Believe The Truth" ne laissera aucune trace de ces sessions expérimentales. Sans parler de l'ultime tentative, trois ans après, de vendre "Dig Out Your Soul" comme un monument du rock psyché (en terme de psychédélisme on retiendra surtout le remix dantesque et assez réussi de "Falling Down" par The Amorphous Androgynous, absent de l'album évidemment).
Tout cela n'enlève rien au talent inné de Noel Gallagher quand il s'agit de composer des mélodies inoubliables. Mais si transition il y a eu dans sa manière d'écrire elle s'est surtout manifestée par l'apparition de chansons plus kinksiennes et posées, mâtinées d'un esprit "cabaret" vaguement second degré: "The Importance Of Being Idle", ou plus récemment "The Death Of You And Me" pour prendre des exemples criants. La vraie nature de l'artiste est ainsi mise en évidence, plus versatile qu'on ne pourrait le croire mais pas assez pour changer la donne. "Vieillissant", comme dirait son frère. En lieu et place de l'album psychédélique tant espéré nous devrons donc nous contenter d'un DVD soigneusement édité documentant un concert récent, "International Magic Live At The O2", accompagné d'un CD de démos sans vraies surprises (celle de "Freaky Teeth" est proposée plus haut). Tout indique que notre respectable héros et gourou de la britpop, célébrité incontournable dans l'aristocratie du rock, n'est finalement pas si différent de beaucoup d'entre nous: perpétuellement attiré par un "ailleurs" fantasmé et inaccessible, mais rattrapé par une réalité chaque fois plus implacable.
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