lundi 5 novembre 2012

Pile: "Dripping"






Une bonne partie de la scène alternative américaine semble doucement revenir vers une certaine forme d'existentialisme "grunge" sans passer par la case "Black Hole Sun", c'est-à-dire en zappant complètement les dérives grandiloquentes et métalliques du genre pour mieux s'intéresser au son dépouillé popularisé par le producteur Steve Albini dans les années 90. C'est déjà une preuve de bon goût de savoir discerner des influences éclectiques au sein d'un mouvement qui s'est généralisé, voire bâtardisé, par l'utilisation récurrente de gros refrains radio-friendly, de guitares bodybuildées et d'énormes percussions sur fond de colère et de pessimisme. Il y a du "teenage angst" à foison sur cet album de Pile, comme il y en avait sur celui des Cloud Nothings en début d'année, mais le son assez cru et les structures peu conventionnelles de ces disques rendent un bel hommage à l'agressivité calculée de Slint, Chavez et autres légendes du rock alternatif expérimental des années 90, avec tout de même un sens mélodique à la fois subtil et immédiat qui évoque tour à tour Nirvana, les Pixies ou même Weezer. On peut regretter le caractère excessivement plombant de "Dripping" sur la longueur, le post-hardcore un tantinet morose de Pile conviant au final plus de frustration que de rage libératrice ou euphorisante, mais le groupe est indéniablement talentueux et prometteur.

 




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