L'équivalent visuel du son des Walkmen au Bikini. |
Mercredi soir j'ai enfin pu assister à un concert des Walkmen après des années d'attente et de rendez-vous manqués (ne serait-ce qu'en juin dernier au Primavera Sound). Un bon moment pour découvrir le quintette de New York sur scène puisque leur album "Heaven", sorti cette année, fait partie du haut du panier dans leur discographie et s'inscrit parmi les plus belles réussites de ces derniers mois. Après avoir guetté anxieusement le Twitter du groupe, redoutant un éventuel problème, c'est avec un certain soulagement et un sourire de bienheureux que je me suis engouffré dans l'étrange tunnel qui sert d'entrée au Bikini, une boîte vaguement branchée de la capitale catalane.
Le Bikini, comme son nom peu original l'indique, est un lieu aseptisé et sans aucune personnalité en bordure de la très chic avenue Diagonal, encastré dans un immense centre commercial dans lequel j'évite à tout prix de mettre les pieds en temps normal. Le problème c'est que je vis avec une fille qui trouve toujours le moyen de nous y emmener...
En ce qui concerne le Bikini, deux précédents seulement: une virée nocturne bien arrosée il y a déjà longtemps et un concert d'Evan Dando il y a une éternité, en 2003. J'aurais du me souvenir que l'acoustique de l'endroit ne se prête pas trop à un concert de rock, sans parler des dimensions bizarres de la salle: petite, presque plus large que profonde, avec tout de même deux bars imposants (un de chaque côté de la pièce) et une scène exagérément surélevée. Une sorte de podium pour gogo-dancers en somme.
À 21h30 précises The Walkmen ont entamé leur concert devant une petite foule, 200 personnes maximum, et la joie de voir apparaître un groupe estimé depuis longtemps s'est rapidement évaporée devant cette terrible évidence: le son n'allait pas être à la hauteur. Ceux qui connaissent le répertoire du groupe savent que les arrangements délicats et les textures sonores complexes sont monnaie courante chez les Walkmen. Les dissonances sont soigneusement calculées et les changements d'intensité, assez fréquents et souvent abruptes, demandent parfois une oreille fine même dans les meilleures conditions. Tout cela fait partie de la personnalité et de la vision singulière d'Hamilton Leithauser et de ses musiciens, mais tout cela fut massacré dans les grandes largeurs ce mercredi.
Le groupe n'est pas à blâmer. Ce n'est pas de leur faute si une guitare semblait dire "merde" à l'autre, si l'orgue bavait dans tous les sens, si la musique se perdait dans une insupportable résonance, car les mecs jouaient carré et avec du feeling (le test du bouchage de tympan ne ment jamais). Ils ont même réussi à rétablir un équilibre fragile et touchant sur leurs compositions les plus intimistes, parfois même sur des titres plus vigoureux. Pas sans échapper quelques grimaces ici et là, quelques petits gestes de frustration, tout en gardant une allure sereine et vraiment classe. Mais si l'émotion et l'évidence mélodique ont refait surface tout au long du concert ce ne fut qu'en pointillé et le morceau le plus attendu de la soirée, l'inusable et vibrant "The Rat", fut un fiasco total.
C'est dans un étrange climat de semi-déception que les lumières se sont rallumées après un rappel plutôt réussi, vues les circonstances, le groupe ressuscitant un excellent "Wake Up" pour l'occasion ainsi qu'une digne ballade d'adieux, la langoureuse "Another One Goes By". Une setlist parfaite sur le papier qui aurait du convier bien plus de chaleur et d'entrain de la part d'un public poli mais quelque peu amorphe. Les Walkmen s'en sortent malgré tout avec les honneurs, car même abîmée de la sorte leur musique riche en atmosphères vaporeuses et pleine de sincérité n'a pas manqué de laisser un arrière-goût savoureux et l'envie de les revoir. Autre certitude: le numéro 547 de l'avenue Diagonal reste un lieu sans âme, à éviter autant que possible.
En ce qui concerne le Bikini, deux précédents seulement: une virée nocturne bien arrosée il y a déjà longtemps et un concert d'Evan Dando il y a une éternité, en 2003. J'aurais du me souvenir que l'acoustique de l'endroit ne se prête pas trop à un concert de rock, sans parler des dimensions bizarres de la salle: petite, presque plus large que profonde, avec tout de même deux bars imposants (un de chaque côté de la pièce) et une scène exagérément surélevée. Une sorte de podium pour gogo-dancers en somme.
À 21h30 précises The Walkmen ont entamé leur concert devant une petite foule, 200 personnes maximum, et la joie de voir apparaître un groupe estimé depuis longtemps s'est rapidement évaporée devant cette terrible évidence: le son n'allait pas être à la hauteur. Ceux qui connaissent le répertoire du groupe savent que les arrangements délicats et les textures sonores complexes sont monnaie courante chez les Walkmen. Les dissonances sont soigneusement calculées et les changements d'intensité, assez fréquents et souvent abruptes, demandent parfois une oreille fine même dans les meilleures conditions. Tout cela fait partie de la personnalité et de la vision singulière d'Hamilton Leithauser et de ses musiciens, mais tout cela fut massacré dans les grandes largeurs ce mercredi.
Le groupe n'est pas à blâmer. Ce n'est pas de leur faute si une guitare semblait dire "merde" à l'autre, si l'orgue bavait dans tous les sens, si la musique se perdait dans une insupportable résonance, car les mecs jouaient carré et avec du feeling (le test du bouchage de tympan ne ment jamais). Ils ont même réussi à rétablir un équilibre fragile et touchant sur leurs compositions les plus intimistes, parfois même sur des titres plus vigoureux. Pas sans échapper quelques grimaces ici et là, quelques petits gestes de frustration, tout en gardant une allure sereine et vraiment classe. Mais si l'émotion et l'évidence mélodique ont refait surface tout au long du concert ce ne fut qu'en pointillé et le morceau le plus attendu de la soirée, l'inusable et vibrant "The Rat", fut un fiasco total.
C'est dans un étrange climat de semi-déception que les lumières se sont rallumées après un rappel plutôt réussi, vues les circonstances, le groupe ressuscitant un excellent "Wake Up" pour l'occasion ainsi qu'une digne ballade d'adieux, la langoureuse "Another One Goes By". Une setlist parfaite sur le papier qui aurait du convier bien plus de chaleur et d'entrain de la part d'un public poli mais quelque peu amorphe. Les Walkmen s'en sortent malgré tout avec les honneurs, car même abîmée de la sorte leur musique riche en atmosphères vaporeuses et pleine de sincérité n'a pas manqué de laisser un arrière-goût savoureux et l'envie de les revoir. Autre certitude: le numéro 547 de l'avenue Diagonal reste un lieu sans âme, à éviter autant que possible.
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