Un petit mot sur cet enregistrement live disponible depuis peu chez Merge Records pour fêter le 25ème anniversaire du classique "You're Living All Over Me" de Dinosaur Jr. Le concert documenté sur ce disque a eu lieu en 1987 lors de la première tournée européenne du groupe dans une petite salle en Hollande, peu après la sortie de l'album.
Ma recherche de chroniques détaillées concernant "Chocomel Daze" sur le web n'a pas abouti à grand chose, si ce n'est à un lynchage absurde sur le toujours irritant site Pitchfork. L'auteur de la critique semble pour le moins déçu par la mauvaise qualité du son et trouve que le groupe ne jouait pas bien à ses débuts. Sa conclusion: mieux vaudrait sortir un live de la tournée en cours, maintenant que la technologie permet à JMascis, Barlow et Murph d'exhiber leur maturité musicale sur un enregistrement en haute-fidélité. On imagine le mec achevant sa chronique avec un petit air satisfait avant de s'en retourner tout guilleret à sa collection de vinyles de Radiohead.
Inutile de s'étendre davantage sur ces pitoyables arguments et laissons donc l'article de Pitchfork aux maniaques de la définition audio. Il est évident que le seul document live existant (tout du moins à l'heure actuelle) de l'époque de "You're Living All Over Me" rappelle davantage une vieille cassette pirate qu'un album live dernier cri. Sauf que ce petit groupe post-hardcore venait de pondre l'un des meilleurs albums de rock indé des années 80, et c'est là tout l'intérêt de "Chocomel Daze" (baptisé ainsi à cause de la passion du groupe pour une marque de chocolats hollandais).
En toute logique, on ne conseillera pas ce live à ceux qui n'ont pas encore découvert les premiers albums de Dinosaur Jr, plus particulièrement "Dinosaur" et "You're Living All Over Me", tous deux représentés ici. C'est d'ailleurs la timide "Severed Lips" de "Dinosaur" qui débute péniblement le set dans un brouhaha ne présageant rien de bon pour la suite. Mais au bout de quelques instants le son se stabilise, le public se fait moins audible et l'on entend enfin le groupe de façon tout à fait acceptable. Il s'agit certes d'une qualité sonore modeste, mais rien de bien choquant compte tenu des moyens limités du groupe en 1987. Certains se souviendront peut-être avec émotion d'un temps où l'on enregistrait sur cassette les versions live ou sessions exclusives passant dans des émissions radio spécialisées, il y a 20 ou 25 ans. Dans ces conditions, une écoute attentive au casque sera sans doute plus convaincante... mais encore une fois, arrêtons avec ces sottises. Les groupes indés, punk et post-hardcore des années 80 n'étaient pas spécialement réputés pour la qualité immaculée de leurs productions.
"Severed Lips" ne reçoit pas un très bon traitement de la part du groupe qui semble jouer la chanson pour se dégourdir, la tête un peu ailleurs et sans réel souci de soigner la mélodie: Murph alourdit le tempo, JMascis chante d'une voix éteinte et foire le premier solo, volontairement sans doute, et la fin du titre part dans une envolée noisy bordélique certainement destinée à prévenir l'assistance de ce qui va suivre.
Si on aime ce groupe et qu'on est trop jeune pour l'avoir vu sur scène en 1987, difficile de ne pas tendre l'oreille pour récupérer un peu de la magie du moment. N'oublions pas que personne à cette époque n'employait le terme "grunge", et pourtant c'est bel et bien à la naissance de ce mouvement que les gens rassemblés dans cette petite salle étaient en train d'assister. Dès la deuxième chanson, "In A Jar", le doute n'est plus permis, les hostilités sont ouvertes et c'est un redoutable groupe de rock qui se dresse devant - on l'imagine - un public aux anges. Le reste du set n'est qu'une longue montée en puissance qui culmine avec un "Sludgefeast" définitif au moins aussi abrasif que sa version studio remasterisée... à condition bien-sûr de laisser ses vilains préjugés d'audiophile peigne-cul au placard et de remettre cet enregistrement dans le contexte underground auquel il appartient. Au final "Chocomel Daze" est une addition plus que bienvenue au catalogue de Dinosaur Jr, une rareté à ranger aux côtés des recommandables Peel Sessions du groupe, et évidemment destinée en priorité aux fans de longue date comme toutes les sorties de ce genre.
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